Robert Arnaut; 2 émissions de France-Inter sur les moulins

En hommage à Robert Arnaut (1929-2013):
G
rand homme de radio, producteur, journaliste, reporter, ethnographe de France-Inter.

Cet homme méridional affable, à l’accent chantant, m’a révélé une manière de faire de la radio alors inconnue de moi. Dans ses émissions de « Paroles d’hommes », j’ai senti vibrer l’âme profonde de notre pays. En mai 1986, lui ayant proposé une émission sur les moulins et les meuniers, il m’a fait confiance et  j’ai eu le privilège et l’honneur de partager sa vie, cinq jours durant, hors du temps. Nous avons sillonné le sud-ouest de la France et découvert, ensemble, l’immense humanité et humilité de ces professionnels hors norme : meuniers, huiliers, papetiers, filateurs.

Cher Robert, combien vous me manquez et combien ce moment initiatique, passé ensemble, à marqué ma vie pour toujours. Vous avez lutté toute votre vie contre l’amnésie déshumanisante  en célébrant sans relâche l’intelligence du cœur qui unit les hommes. Grâce à vous la mémoire des meuniers traversera le temps. La voix de ces témoins est désormais sauvegardée dans deux émissions, qui resteront véritablement comme le plus bel hommage radiophonique qu’on ait jamais rendu à ce  peuple de l’eau qui travaille.

Merci.
Al réveire Robert.
Jean-Pierre.


Robert Arnaut, émissions de radio, »Paroles d’hommes » sur France Inter.
avec la participation de Jean-Pierre Henri Azéma conseiller scientifique,
spécialiste  du Patrimoine Industriel et des Moulins.

Emission 1 : France Inter, Samedi 27 juillet 1986, tranche horaire 17h- 18 h
Les moulins à huile de noix. Moulins à grain du sud-ouest. Durée : 38’10

Chapeau de l’émission :

« Les moulins ne ont pas seulement de beaux objets pour les peintres et les contes pour enfants. Ils ont été pendant des siècles les supports de toute une activité économique, avant d’être réduits à leur triste marginalité actuelle. Pour les chercheurs des anciennes technologies, comme Benoît Dufournier et Jean-Pierre Azéma, les moulins sont le révélateur d’un monde au travail. Autrefois, dans la Saintonge, l’Angoumois, la Dordogne, arrosées par de magnifiques rivières, on avait laissé à l’eau la meilleure part dans les énergies employées. Loin derrière venait le vent. L’énergie hydraulique faisait fonctionner les forges, les papeteries, les ateliers de tissage, mais la clé dans toute activité dans l’ancienne société, se trouvait dans l’alimentation dont le symbole était le moulin à farine. On broyait aussi les cerneaux pour en tirer l’huile de noix. Aujourd’hui, ces moulins meurent doucement de vieillesse avec leurs meuniers. La plupart de ces monuments, cachés dans les vallées, à cheval sur les cours d’eau, vivent leurs dernières années. C’est pourquoi nous avons voulu les faire parler ».

Cauda de l’émission.

« Une entreprise vivante, une image de ce qui pourrait être une politique raisonnable et responsable de l’énergie au niveau artisanal. Serions-nous devant le mythe du bon sauvage ? Depuis 1975, la consommation d’énergie à usage industriel est inférieure à la consommation à usage domestique et artisanal. (…) bien sûr, il n’est pas question de comparer cette production  à usage artisanal à celle des grandes centrales électronucléaires. Mais on peut s’étonner que les petits moulins, soient abandonnés. Des sommes considérables ont été dépensées pour électrifier les campagnes, alors que de multiples petits sites restent en friche, inexploités, au non de la rentabilité. De nombreuses maisons,  hameaux, villages, pourraient s’autoalimenter au prix d’une simple assistance technique, ou d’un encouragement fiscal. La chose est possible ».

Emission 2 : France Inter, Samedi 02 août 1986, tranche horaire 17h- 18 h
Les moulins à papier. Filatures du sud-ouest. Durée : 37’22

Cauda de l’émission :

« Forges, papeteries, filatures, moulins à farine, à huile, l’énergie hydraulique était autrefois partout. Ha non, pardon ! Il n’existe pas  d’énergies d’autrefois, car l’eau et le vent restent toujours à l’ordre du jour. Il n’existait qu’une certaine manière de les employer, avant la grande coupure intervenue avec l’apparition de la machine à vapeur, et ses héritiers le moteur et le réacteur. Peut-être l’heure de la revanche a-t’elle sonnée pour les moulins ? L’actualité du problème énergétique va peut-être nous obliger, à protéger, et à utiliser ces bâtiments chargés de toute notre histoire économique ; les moulins ».